samedi 28 février 2015

Les bonheurs caducs, Élyse-Andrée Héroux.

Dans la vie de Rosemarie, tout a changé.
 
Avant, elle aimait travailler à la maison d’édition. Le patron, un homme bon, lui donnait envie de se lever le matin pour slalomer dans l’heure de pointe. Elle avait un amoureux, avoir un amoureux c’est pas négligeable. Et les copines lui faisaient un si beau filet de sécurité. Avec elles, c’était super de trinquer le vendredi.
 
Puis ça s’est mis à dérailler. Au boulot, un nouveau patron dompe sur son bureau patates chaudes et projets plates; la nouvelle éditrice, peau de vache ambitieuse, la tient sous son talon-aiguille. Son flanc-mou de frère l’a recueillie quand l’amoureux a détalé – toujours mieux de payer le loyer à deux –, chez lui ça pue le graillon et la bière tablette. Et entre elle et les copines se sont creusés de profonds fossés.
 
Dans la vie de Rosemarie, tout a changé, sauf elle. Figée dans une existence qui ne lui ressemble plus, elle voit se dessiner peu à peu l’inéluctable : bientôt elle sera mûre pour péter une bien belle coche.
 
L’histoire tendre et désopilante d’une jeune femme qui touche le fond.

"Dans son havre, pas de réconfort.  Elle avait claqué la porte sur sa vie entière, s'était empêchée jusque-là de regarder derrière.  Mais même sans tourner la tête elle savait qu'elle était là, cette vie entière, elle tirait sur sa jupe, lui tapotait l'épaule du doigt, regarde-moi.  Regarde-moi en face si tu l'oses.  Dans l'IPod, le mièvre avait succédé aux hard rock, suicide grunge et crack metal qui avaient rythmé l'atterrissage.  Depuis que l'avion était parti, Rose seule sur le tarmac avec ses lourds paquets balayait le vide environnant sans en voir le bout, c'était comme toujours la nuit.  Personne alentour, pas même un bagagiste aux globes creux pour lui demander ce qu'elle fichait là."

Rosemarie a touché le fond, elle n'en peut plus de son frère irresponsable, de l'adjointe du big boss qui la prend pour un torchon, de son ex qui se pavane avec sa meilleure amie et de son boss justement qui ne respecte plus les auteurs qui font vivre la boîte.  Elle démissionne et s'enferme dans un nouvel appartement pour refaire le plein de solitude, de calme et de décence.  Le retour à la surface se fera lentement...

L'auteure est réviseure et rédactrice dans le milieu de l’édition littéraire et son portrait n'est pas des plus reluisant.  C'est de la fiction, bien sûr, mais je ne suis pas certaine que  la petite "madame" au roman ennuyant dont il faut publier la suite et l'auteur et son gros ego qui refuse les corrections soient bien loin de la réalité.   Les bonheurs caducs met en lumière le quotidien de ces ouvriers qui travaillent d'arrache-pied afin de faire plaisir à toutes les strates de la chaîne du livre.  Dans ce roman, la bataille est féroce, les idées bouillonnent dans tous les sens, il faut se garder la tête hors de l'eau, pas toujours simple dans cette situation de rester à sa place.  Coups bas, langage ordurier et quelques bonnes cuites composent une bonne partie du roman.  Les relations familiales de Rose avec Jean-Marc, son frère et sa mère, Danielle ont beaucoup sollicité ma compassion.  Du moins, plus que celles avec ses collègues de travail dont je qualifierais la plupart (à quelques exceptions près) de vilaines petites pestes! 

Certains se reconnaîtront, certains trouveront que c'est exagéré, c'est un roman sur le monde du livre et lorsqu'on aime lire et qu'on tient un blogue, c'est un sujet intéressant.  Il faut simplement garder à l'esprit que c'est un bouquin et qu'il ne faut pas chercher à savoir si tout cela relève plus de la réalité que de la fiction.  C'est ce que j'ai fait pour éviter la déception...

C'est un premier roman pour Élyse-Andrée Héroux et j'ai très hâte de voir si elle se sera fait des amis ou des ennemis avec cette histoire!
 
ISBN: 978-2-7644-2845-0

6 commentaires:

Marie-Claude a dit...

Une lecture mi-figue, mi-raisin??? Du coup, je suis moins pressée de le lire!

Jules a dit...

Marie-Claude: inégal un peu, mais j'ai hâte de lire ton avis toi qui est dans le milieu je crois...

Anonyme a dit...

"pour éviter la déception"... C'est donc que si on a un tant soit peu d'attente, on sera déçu? C'est dommage, il m'attire beaucoup ce livre depuis que je l'ai vu dans ta liste, l'autre jour...

Marie-Claude a dit...

Oui, je suis dans le milieu depuis une dizaine d'années. J'ai laissé tombé au tiers. Les personnages sont beaucoup trop caricaturaux, sans nuance. Heureusement que c'est une fiction!!! Impossible de poursuivre! Dommage...

Jules a dit...

MC: je te comprends, quand on est dans le milieu, j'imagine que ça se digère moins bien...

Jules a dit...

Enattendantdemain: je ne suis pas dans le domaine et de penser que ça se passe comme cela dans le monde de l'édition m'aurait déçue. J'ai préféré mettre le tout sur le dos de la fiction! :)